Le billet du golfeur mélomane – 23 février 2023

DU HAUT DE MON PERCHOIR , à l’Auditorium Grenet jeudi 23 février, je me gardai bien d’avoir en mon bec un fromage ou quelques reliefs d’ortolans dans les poches… d’autant plus que je fus rapidement bouche-bée !

« Une création originale du chef d’orchestre Theirry Huillet accompagné de la récitante Julie Depardieu » disait le programme : Les Fables de La Fontaine » disait le programme… curieux donc je grimpai à ma place avec les précautions énumérées ci-dessus

D’emblée le dispositif orchestral me séduisit : un quintette de cordes, 4 « bois » (dont un saxophone baryton, mais pas de basson), 4 cuivres, un accordéon, une harpe, et un bel ensemble de percussions, comment diable cela allait-il fusionner ? Tout le talent du compositeur et chef d’orchestre apporta la réponse : la partition très bien écrite permit à chacun de s’exprimer, et de se faire entendre, sans doute plus facilement pour les vents que pour les cordes évidemment mais tous firent preuve de la précision, de la musicalité et de la virtuosité que nous leur connaissons. Le percussionniste fut parfait, courant d’un bout à l’autre du dispositif…d’ailleurs comment font les percussionnistes en face de ce genre de partition éclatée sur une distance si importante ? Une question à poser à l’occasion… La partition de l’accordéon révéla la subtilité de l’écriture avec des accompagnements légers, une présence efficace bien que discrète. Une belle composition moderne et accessible, jouant des timbres sans jamais tomber dans la « musique de genre ou naturaliste » qui aurait pu être une facilité d’écriture ! Mais aussi une composition savante, en particulier dans le prélude.

Madame Depardieu, le minois malicieux un peu caché par son micro, fut parfaite de conviction, d’humour, de théâtralité fort à propos….

Les Fables de La Fontaine choisies par le compositeur furent accompagnées d’une variété d’ambiances dont je retiendrai la « Cigale et la Fourmi », magnifiquement servie par la récitante ou bien la course musicale du « Lion et le Moucheron »… et aussi la  tragédie du « Loup et l’Agneau » avec une lointaine évocation de « Pierre et le Loup » de Prokofiev, ou encore la tempête du « Chêne et le Roseau » 

Une belle soirée donc, avec une surprise de taille : la présence de nombreuses personnes souffrant de handicap, d’âges divers, parfois en fauteuil, avec l’encadrement de plusieurs établissements de la région…. Après quelques interventions bruyantes lors des premières pièces, auxquelles Thierry Huillet et Julie Depardieu répondirent par de larges sourires, le calme et l’attention conquirent tout le public. Une belle preuve de la pertinence de la démarche et de la puissance de la poésie, de la musique, associées aux projections des gravures de Gustave Doré. Tout cet ensemble a touché toutes les sensibilités. Bravo pour cette belle initiative, merci à ceux qui ont tout organisé.

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